CONFÉRENCE : "La Fabrique de nos servitudes, comment s'en sortir", avec Roland GORI le 19 novembre 2022
Roland Gori : "La Fabrique de nos servitudes, comment s'en sortir"
A la suite de la venue de Roland Gori à Reims pour la diffusion du film documentaire de Xavier Gayan "Roland Gori, une époque sans esprit", nous avons eu le plaisir d'échanger avec lui au centre Antonin Artaud le samedi 19 novembre 2022. En voici la vidéo :
Présentation des deux jours de rencontres avec Roland Gori
La
Criée a le plaisir d'inviter Roland Gori pour deux événements
exceptionnels : la diffusion du documentaire de Xavier Gayan le vendredi 18 novembre 2022 à 20h30 au cinéma Opéraims, et le
lendemain (samedi 19 novembre) une rencontre-débat avec lui au centre Antonin Artaud à 15h30.
Vendredi 18 novembre à 20h30 au cinéma Opéraims :
Présentation du film documentaire de Xavier Gayan : "Roland Gori, une époque sans esprit"
« La France qui se lève tôt n’a plus le temps d’analyser ses rêves. » Roland Gori
"Aujourd’hui
nous vivons dans un monde sans esprit où la marchandise et le spectacle
ont envahi nos vies, où au nom de la rentabilité la quantité a écrasé
la qualité dans tous les domaines de l’existence sociale et subjective.
Les métiers du soin, de l’éducation, de la recherche, de la culture et
de l’information sont gérés par des managers et des supposés « experts »
qui taylorisent les pratiques, prolétarisent les professionnels et
abusent le public. Les professionnels perdent le sens et la cohérence de
leurs métiers et se voient aliénés à des scores et à des évaluations
aussi grotesques que perverses. A terme c’est le vivre ensemble de la
démocratie qui se trouve menacé. Roland Gori, psychanalyste,
universitaire, essayiste, a initié en 2008 L’Appel des appels pour nous
opposer à cette casse des métiers et à la marchandisation de
l’existence.
Ce
film propose un portrait intime de Roland Gori, de sa pensée et de ses
combats accompagnés des témoignages de proches, ses éditeurs Henri
Trubert et Sophie Marinopoulos (Les Liens qui libèrent), la philosophe
et académicienne Barbara Cassin, le médecin hospitalier et co-auteure
Marie-José del Volgo, le directeur du théâtre Toursky à Marseille
Richard Martin."
Bande-annonce :
Samedi 19 novembre à 15h30 au centre Antonin Artaud :
Conférence-débat "La Fabrique de nos servitudes - Comment s'en sortir" de Roland Gori. Discutant : Patrick Chemla.
"Dans
nos sociétés de contrôle, l’information est le moyen privilégié de
surveiller, de normaliser et de donner des ordres. Les informations,
molécules de la vie sociale, deviennent les sujets de l’existence, les
vé-ritables cibles des pouvoirs politiques et économiques. Avec le
langage numérique, les subjectivités se trouvent enserrées dans un filet
de normes de plus en plus denses et contraignantes. Les idéologies
scientifiques viennent souvent légitimer ce « naturalisme économique »
transformant le citoyen en sujet neuro-économique et son éducation en
fuselage de ses compétences en vue des compétitions à venir.
Les
fabriques de servitude mettent en esclavage les individus et les
populations au nom de l’efficacité technique, de l’illusion d’un bonheur
procuré par les algorithmes et la mondialisation marchande. Pour en
sor-tir, il nous faut modifier nos habitus et nos habitudes, restaurer
la force révolutionnaire du langage et de la métaphore, rétablir le
pouvoir des fictions. Les ordres existants ont toujours haï les utopies,
la puissance de leur imagination et de leurs expériences de pensée.
L’utopie ne se réduit pas à un genre littéraire, à une rêverie politique
d’un futur improbable, elle constitue une position éthique et
politique, un style, un foyer de liberté.
Dans
l’histoire des esclavages et des luttes sociales, les « marronnages »,
par la danse, le chant, le récit et le conte, ont été des voies
d’émancipation. Résister aux fabriques de nos servitudes par l’utopie
est une nouvelle manière d’agir et de penser l’infini, le complexe,
l’instable, le multiple, le divers que le vivant exige. Il y a urgence à
détourner l’utile pour en faire du Beau, emmêler le vivant au Vrai et
faire chuter sa majuscule pour que nos vies ne soient pas minuscules."